Les femmes exemplaires dans le Coran et la Sunnah (1)
La femme musulmane trouve le bonheur en imitant les meilleures femmes qui vécurent pendant le meilleur siècle et qui furent éduquées dans la maison la plus noble, la maison de la prophétie - qu'Allah élève leur rang - ; et des versets du Qur’an furent révélés pour faire leur éloge.
I - Les épouses du Prophète
Elles sont nommées ainsi « Oummahatoul Mou-minine » (les mères des croyants) d’après la parole d’Allah :
{Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes, et ses épouses (au prophète) sont leurs mères (aux croyants)} [Les coalisés sourate 33 : verset 6].
Allah a dit :
{O femmes du Prophète ! Vous n'êtes comparables à aucune autre femme, si vous êtes pieuses, ne soyez pas trop complaisantes dans votre langage, afin que celui dont le cœur est malade [l'hypocrite] ne vous convoite pas. Et tenez un langage décent. } [Les coalisés sourate 33 : verset 32].
Tafsir Ibn Kathir : Ce verset évoque les bonnes manières qu’Allah recommande aux femmes du prophète . Les autres femmes musulmanes doivent également s’en tenir aussi à ces bonnes manières. Si elles se prémunissent envers Allah elles ne seront pas comme de quelconques femmes, en mérite et en rang. Allah leur recommande également de ne pas adoucir leur voix en parlant aux hommes car il y en a qui peut être perfide. Ne pas leur parler avec une voix suave comme elle le ferait avec leur époux.
Et lors d’un voyage, le Messager d’Allah dit au chef de la caravane, qui guidait les chameaux portant les mères des croyants :
Khadija bint Khouwaylid
Des épouses bénies et des femmes illustres ; la première est la femme intelligente, habile, qui est pieuse et a une bonne descendance : Khadijah la fille de Khouwaïlid. Elle fut éduquée à avoir de bonnes vertus morales, à être polie et généreuse ; et elle était chaste et honorable. Les femmes de la Mecque l'appelaient "la pure". Le prophète l'épousa, et elle fut une très bonne épouse pour lui ; elle l'aida avec sa propre personne, son argent et sa sagesse ; et lorsqu'il était triste, il se réfugiait auprès d'elle et lui divulguait ses soucis. Lorsque la révélation descendit sur lui la première fois, il retourna à elle en ayant le cœur tremblant, effrayé par ce qu'il venait de voir ; et il lui dit :
(Que m'arrive-t-il ? J'ai eu peur de mourir). Elle le reçu alors avec un cœur ferme et lui dit :-"Non ! Je jure par Allah qu'Allah ne t'humiliera jamais". Rapporté par….
L'Islam brilla chez elle et elle fut la première personne qui embrassa l'Islam dans cette communauté.
Ibn Kathir a dit : "Khadijah est la première créature d'Allah qui embrassa l'Islam à l'unanimité des musulmans, aucun homme, ni aucune femme la précéda".
"Elle cru en moi lorsque les gens me renièrent ; elle cru en ma parole lorsque les gens me traitèrent de menteur ; elle me secourut avec son argent lorsque les gens refusèrent de m'aider ; et Allah m'a donné des enfants avec elle alors qu'Il ne m'a pas donné d'enfants avec les autres femmes". Rapporté par Ahmed.
Elle était une femme illustre, obéissante à son époux, et une mère affectueuse ; le prophète eut tous ses enfants avec elle sauf Ibrahim. Son comportement était élevé, et elle avait de très bonnes qualités ; elle n'a jamais discuté la parole du prophète et elle ne lui a jamais nui en s'opposant à lui.
Le prophète a dit : "L'ange Gabriel est venu me voir et m'a dit : "Annonce-lui la bonne nouvelle d'une maison dans le Paradis en pierre précieuse dans laquelle il n'y a pas de bruit, ni de fatigue".
Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim.
As-Souhaïli a dit : "Il lui a annoncé la bonne nouvelle d'une maison dans le Paradis car elle n'a jamais élevé sa voix sur le prophète et elle ne l'a jamais fatigué ; donc, elle n'a jamais crié sur lui, et ne lui a jamais causé de tort".
Abou Houraïra rapporte que l’ange Jibril est venu au Messager d’Allah et dit : « O Messager d’Allah, voici Khadija qui arrive en portant avec elle un plat de sauce, ou de nourriture ou de boisson, lorsqu’elle arrivera à toi, passe lui le Salam de Son Seigneur, et de ma part, et annonce lui cette bonne nouvelle : Une demeure au Paradis en perle, loin de toutes peines et de toutes gênes. » Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim.
Ibn Al-Quayyim a dit : "Et c'est un mérite qui n'a pas été reconnu à une autre femme qu'elle".
Allah l'aima, les anges l'aimèrent et le messager l'aima.
Le prophète a dit : "Allah m’a donné son amour" Rapporté par Mouslim.
Lorsque le prophète la mentionnait, il élevait son rang et remerciait sa bonne compagnie.
‘Aïcha a dit : "Lorsque le prophète mentionnait Khadijah, il ne se lassait pas de faire son éloge et de demander à Allah de lui pardonner".
Il préserva son amour pour elle et sa loyauté envers elle ; alors, il était généreux envers ses amies après sa mort.
‘Aïcha a dit : « Je n’ai jamais été autant jalouse des épouses du Prophète comme je ne l’étais de Khadija, alors que je ne l’ai jamais vue. Seulement le Prophète l’évoquait à tel point qu‘il sacrifiait un mouton, le coupait en morceaux qu’il partageait entre nous pour ensuite l’envoyer aux amis de Khadija, jusqu’à ce qu’une fois je lui dise : « Comme s’il n’y avait dans cette vie que Khadîdja !! ». Et il me répondit : « Elle était ainsi… , et ainsi…et j’eus d’elle des enfants. » Rapporté par Al-Boukhari.
‘Aïcha a dit : «Une fois Hallat bint Khouwaylid, la sœur de Khadija, demanda qu’on la laisse entrer voir le Messager d’Allah c’est alors qu’il la reconnut et se rappela de Khadija, (ce qui le soulagea) et dit : « Ô mon Seigneur c’est Hallat !! », ce qui me rendit jalouse, et je lui dit : « Est-ce possible que tu te rappelles d’une vieille parmi les vieilles Qurayshites dont les deux coins de la bouche ont rougi, morte depuis longtemps ? Allah ne t’a t’il pas donné à sa place meilleure(s) que cela ?». Rapporté par Al boukhari et Mouslim
Et la suite selon une version rapporté par at-Tirmidhî n°3886, il répondit :
« Par Allah, Il ne m’a pas donné mieux qu’elle ! Car elle m’a cru lorsque les gens m’ont mécru , elle m’a rendu véridique lorsque les autres m’ont dit que je mentais, elle m’a accordé de ses biens lorsque les gens m’en ont privé, et par la grâce d’Allah je n’ai eu de descendance que de cette femme .»
Elle était complète dans sa religion, sa raison et son comportement.
Le prophète a dit : "Beaucoup d'hommes ont atteint la perfection, mais il n'y a que trois femmes qui ont atteint la perfection : Maryam la fille d'Imran, Assia la femme de Pharaon et Khadijah la fille de Khouwaylid ".
Rapporté par Ibn Mardawaï.
Elle a surpassé les femmes de cette communauté dans la piété, l'honneur et l'élévation.
Ali ibn Talîb a rapporté qu’il a entendu le prophète dire : "La meilleure de ses femmes (c'est-à-dire à son époque) était Maryam la fille d'Imran ; et la meilleure de ses femmes (c'est-à-dire dans cette communauté) est Khadijah bint Khouwaylid ". Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim.
Elle se réforma elle-même et réforma chez elle, et elle obtint les fruits de ses efforts ; elle devint alors, ainsi que sa fille parmi les meilleures femmes du monde dans le Paradis.
Ibn ‘Abbas a dit : Le messager d’Allah a marqué quatre fois le sol, et il dit :
« Savez vous ce que c’est ? »
Ils dirent : « Allah et Son messager sont plus savants !»
Il dit : « Les meilleures femmes des gens du paradis qui sont : Khadija bint Khouwaylid, Fatima bint Mouhammad, Assia bint Mouzâhim femme de Pharaon, et Maryam bint ‘Imran, qu’Allah les agrées toutes. »
Rapporté par Ahmed
Elle avait une place importante dans le cœur du prophète il ne s'est pas marié avec une femme avant elle et il n'a pas épousé une femme [une concubine] avec elle jusqu'à ce qu'elle mourut ; il fut très triste à cause de sa perte.
Ad-Dhahabi a dit : "Elle était une femme intelligente, honorable, pieuse, chaste et généreuse faisant partie des habitants des gens du Paradis".
‘Aïcha bint abu Bakr
Et dans la maison de sincérité et de piété, est née ‘Aïcha la fille d'Abou Bakr le véridique ; elle grandit dans la maison de la foi ; sa mère, sa sœur Asma et son frère sont parmi les compagnons du prophète et son père est le véridique de cette communauté. Elle grandit dans la maison de la science, son père était le savant de Quraysh et leur généalogiste ; Allah lui donna une grande intelligence et une très bonne mémoire. Elle voulait un surnom et le Prophète lui dit de prendre comme surnom Oummou ‘Abdillah (‘Abdoullah c’est le fils de sa sœur Asma et de az-Zoubeir ibn al ‘Awam.). On l’a nomme aussi as-Siddiqa (la véridique) et ceci est pris de son père connu comme as-Siddiq (le véridique).
’Aïcha était connue pour sa grande générosité, sa grande crainte d’Allah et son délaissement de ce bas monde et le peu d’importance qu’elle lui donnait.
Le Prophète se maria avec elle et à ce sujet l’Imam al Boukhari rapporte dans son authentique d’après ‘Aïcha que le Messager d’Allah lui a dit :
« Je t’ai vu en rêve deux fois, je te vois dans un bon morceau de soie.
Il m’est dit : « Voilà ta femme, dévoile là » et c’était toi !!
Alors je dis : « Si ceci provient d’Allah ça se produira. »
Et ceci provenait d’Allah et ça c’est produit. »
Ibn Kathir a dit : « Il n’y a jamais eu dans les communautés une femme comme ‘Aïcha concernant sa mémoire, sa science, son éloquence et son intelligence ; elle dépassa les femmes comme elle dans la science et la sagesse ; Allah lui donna la compréhension de la jurisprudence islamique et la mémorisation des poèmes ; et elle avait une grande connaissance des sciences religieuses ».
Ad-Dhahabi a dit : « Elle est la femme la plus instruite en science religieuse de toute la communauté, et je ne connais pas dans la communauté de Mohammed, et plus exactement parmi toutes les femmes, une femme qui a plus de science [de connaissance] qu’elle ».
Elle fut plus élevée que les autres femmes grâce à ses mérites et ses bonnes relations.
Le prophète a dit :"Le mérite d’’Aïcha par rapport aux autres femmes est comme le mérite du pain trempé dans la soupe par rapport au reste de la nourriture". Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim
Elle était celle qu’il aimait le plus parmi ses épouses -Qu’Allah les agrées- . ‘Amr ibn al ‘Ass a rapporté que le Prophète l’envoya à la tête de l’expédition « Dhat as-Salassîl » et qu’avant son départ, il s’était rendu chez le Prophète à qui il demanda :
« Quelle est la personne que tu aimes le plus ? ».
Le Prophète lui répondit : « ‘Aïcha ».
Je lui demandai : « Et parmi les hommes ? ». Il répondit : « Son père ».
Je lui redemandai de nouveau : « Et qui après lui ? ».
Et il me répondit « ‘Omar ibn al Khattab » et il me cita d’autres noms. Rapporté par Al-Boukhari
Ibn ‘Abbas a entendu ‘Omar ibn al Khattab alors qu’un jour il se trouva chez sa fille Hafsa, il lui dit : « O ma fille gares à t’identifier à celle dont les qualités lui valent l’amour du Messager d’Allah en voulant parler de ‘Aïcha, elle alla alors raconter cela au Messager d’Allah qui en souria. ». Rapporté par Al Boukhari
‘Aïcha a beaucoup de mérites, parmi lesquels ce qui est rapporté par al Boukhari et Mouslim : Abou Salama rapporte que ‘Aïcha a dit qu’un jour le Messager d’Allah lui dit :
« O ‘Aïcha c’est Jibril , il te passe le Salam ».
Je lui dit : « A lui le Salam et la bénédiction, car tu vois ce que je ne vois pas » En s’adressant au Messager d’Allah . Rapporté par Al Boukhari et Mouslim
Abou Moussa al Ach’ari rapporte que le Messager d’Allah a dit : « Il y a beaucoup d’hommes parfaits, mais parmi les femmes, il y en a eu que trois : Assia bint Mouzâhim femme de Pharaon, Maryam bint ‘Imran et Khadija bint Khouwaylid et la supériorité de ‘Aïcha sur les autres femmes est comme le « Tharid » sur tous les autres plats.» Rapporté par Mouslim
Anas ibn Malîk a rapporté qu’il a entendu le Messager d’Allah dire :
« La supériorité de ‘Aïcha sur les autres femmes est comme le « Tharid » sur tous les autres plats ..» Rapporté par Mouslim
‘Aïcha rapporte que le Messager d’Allah lui dit : « Je sais lorsque tu es satisfaite de moi et lorsque tu es en colère contre moi. »
Je lui dis : « Mais comment sais-tu cela ? »
Il me dit : « Lorsque tu es satisfaite de moi, tu dis : Non par le seigneur de Mouhammad ! Et lorsque tu es en colère contre moi, tu dis : Non par le Seigneur d’Ibrahim ! »
Je lui dis : « Tu as dis vrai (ou sans doute), par Allah Ô messager d’Allah, je ne peux fuir que ton nom. » Rapporté par Mouslim
Un jour le Messager d’Allah demanda à ‘‘Aïcha
« Veux- tu être ma femme dans cette vie et dans l’au-delà ? » Elle répondit : « Par Allah, oui !»
Il lui dit alors : « Tu es ma femme dans cette vie et dans l’au delà. » Rapporté par Al-Boukhari
Elle est la seule femme vierge avec laquelle il s’est marié, et la révélation n’est pas descendue sous les couvertures d’une autre femme qu’elle ; elle était chaste, elle adorait beaucoup son Seigneur, et elle ne sortait de chez elle que le soir afin que les hommes ne la voient pas. Elle a dit au sujet d’elle-même : -« Nous ne sortions que le soir ».
Elle réalisa la parole d’Allah :
{Restez dans vos foyers ; et ne vous exhibez pas à la manière des femmes avant l'Islam (Jahiliyah)} [Les coalisés sourate 33 : verset 33].
Al-Quourtoubi a dit : « Et la législation islamique exige que les femmes restent chez elles et qu’elle évitent de sortir sauf si cela est nécessaire ; et si elles doivent absolument sortir qu’elles le fassent en ne portant aucune parure et en se couvrant complètement ».
Et Allah éprouve ceux qu’Il aime, et l’épreuve est faite selon le degré de la foi ; on la calomnia lorsqu’elle avait douze ans. Le hadith ci-dessous relate l'histoire de 'Aicha lorsqu'elle a perdu son collier et la calomnie qui pesa sur elle :
Quand l'Envoyé d'Allah voulait faire un voyage (ou une expédition), il faisait un tirage au sort entre ses femmes pour désigner celles qui l'accompagneraient. Lors d'une des expéditions qu'il entreprit, il procéda au tirage au sort et c'était moi que le sort avait désignée. Je partis donc avec l'Envoyé d'Allah. C'était postérieurement à la révélation du verset relatif à la prescription du voile et j'étais toujours dans mon palanquin, même lorsqu'on le descendait du dos du chameau.
Quand l'Envoyé d'Allah eut terminé cette expédition, nous prîmes le chemin de retour. Comme on était près de Médine lors du retour, le Prophète ordonna une nuit de se mettre en marche. A l'instant où l'ordre de marche était donné, je me levai et marchai jusqu'à ce que j'eusse dépassé les troupes pour satisfaire un besoin et en retournant, je me dirigeai vers ma monture. Comme je portai la main au cou, je me rendis compte que j'avais perdu mon collier de verroteries fabriqué à Zafâr. Je retournai pour rechercher mon collier et le désir de le retrouver me retint sur place.
Les gens qui étaient chargés de ma monture soulevèrent mon palanquin et le chargèrent sur mon chameau, croyant que j'étais dedans. En effet, à cette époque les femmes étaient de poids légers; elles n'étaient pas encore devenues obèses, car elles ne mangeaient que peu. Aussi les gens ne trouvèrent-ils pas insolite la légèreté du palanquin lorsqu'ils le soulevèrent, d'autant plus que j'étais une toute jeune femme. Ils firent alors relever le chameau et partirent.
Quand je trouvai mon collier, les troupes étaient déjà en marche. Je me rendis au camp où il n'y avait plus personne, j'allai alors droit à l'endroit où j'avais été installée pensant qu'en s'apercevant de ma disparition on reviendrait me chercher. Pendant que j'étais assise en cet endroit, je fus gagné par le sommeil et je m'endormis. Or Safwân ibn Al-Mu`attal As-Sulamî Adh-Dhakwânî, qui était resté en arrière des troupes, après avoir marché toute la nuit, arriva le matin à l'endroit où j'étais. Apercevant la silhouette d'une personne endormie, il s'approcha de moi et me reconnut quand il me vit, car il m'avait vue avant que le port du voile n'eût été ordonné par le Coran et il dit: "Nous sommes à Allah et nous retournerons à Lui". Sa voix m'éveilla et je me levai, cachant mon visage avec mon voile. Par Allah, il ne prononça aucun mot autre que ceux qu'il avait prononcés à ma vue. Il fit ensuite agenouiller sa monture et lui foula les pattes de devant pour que je monte sur laquelle. Il tint son licou pour le mener et nous arrivâmes ainsi auprès des troupes qui venaient de camper au moment de la canicule de midi.
`Aicha poursuivit : Des gens m'avaient calomnié (en m'accusant d'adultère) et parmi eux était `Abd-Allah ibn 'Ubayy ibn Salûl qui s'était chargé de la plus lourde part de la calomnie. Quand nous arrivâmes à Médine, je suis tombée malade pendant un mois, et c'est à ce moment que les gens répandaient les propos des calomniateurs, sans que j'en eusse pas au courant. Ce qui m'étonnait, durant ma maladie, c'est que je ne trouvais pas l'Envoyé d'Allah aussi aimable avec moi qu'il l'était d'ordinaire quand je tombais malade. L'Envoyé d'Allah entrait seulement chez moi, me saluait et me disait: "Comment allez-vous?". Cela me donnait des inquiétudes, mais je ne sus la fâcheuse nouvelle que lors de ma sortie après le rétablissement de ma santé.
J'étais sortie avec 'Umm Mistah pour aller du côté d'Al-Manâsi`, qui nous servait de latrines. Nous n'y allions que de nuit. C'était avant que nous eussions des latrines à proximité de nos maisons. Nous suivions la coutume des anciens Arabes qui allaient satisfaire leurs besoins naturels dans des terrains vagues et, tout comme eux, nous répugnons à avoir les latrines près de nos demeures à cause de leur mauvaise odeur. Je partis donc en compagnie de 'Umm Mistah qui était la fille de 'Abû Ruhm ibn Al-Muttalib ibn `Abd-Manâf; sa mère, bint Sakhr ibn `Amir était la tante maternelle de 'Abû Bakr As-Siddîq et son fils était Mistah ibn 'Uthâtha ibn `Abbâd ibn Al-Muttalib. Après avoir satisfait nos besoins, nous revenions, la fille de 'Abû Ruhm et moi, vers la maison et comme 'Umm Mistah trébucha sur le pan de son vêtement, elle s'écria: "Que Mistah Périsse!". - "Fi! Que c'est mal, lui dis-je, d'injurier un homme qui a pris part au combat de Badr". - "Hé ! Ma chère, me répondit-elle n'as-tu pas entendu ce qu'il avait dit?". - "Et qu'est ce qu’il a dit ?", demandai-je. Aussitôt elle me raconta ce que disaient les calomniateurs.
Je devins alors plus malade et, quand je rentra chez moi, l'Envoyé d'Allah vint me rendre visite, il me salua, puis dit: "Comment allez-vous?". - "Me permets-tu, lui demandai-je alors, de me rendre chez mes parents?". Je voulais à ce moment-là m'assurer auprès d'eux de la nouvelle. L'Envoyé d'Allah m'accorda cette permission et je me rendis chez mes parents. - "Chère maman, dis-je à ma mère, que racontent donc les gens?". - "ma fille, me répondit-elle, ne t'en fais pas. Il est bien rare qu'une jolie femme aimée de son mari et ayant des co épouses ne soit pas l'objet de leurs commérages". - "Gloire à Allah !, m'écriai-je, les gens ont-ils échangé de tels propos!". Et je passai toute la nuit à pleurer au point que je ne goûtai pas un seul instant de sommeil jusqu'au matin que je passai également à pleurer.
L'Envoyé d'Allah, voyant que la révélation avait tardé à venir à ce sujet, manda `Alî ibn 'Abî Tâlib et 'Usâma ibn Zayd pour leur demander s'il devait se séparer de moi. 'Usâma ibn Zayd, étant sûr que j'étais innocente et sachant l'affection que le Prophète avait pour moi, dit à l'Envoyé d'Allah : "Garde ta femme nous ne savons que du bien d'elle". Quant à `Alî ibn 'Abû Tâlib il dit: "O Envoyé d'Allah, Allah ne t'a pas mis trop à l'étroit. Il y a beaucoup d’autres femmes. Interroge sa suivante, elle te dira la vérité". L'Envoyé d'Allah manda alors à Barîra et lui dit: "O Barîra, as-tu vu de `A'icha quelque chose qui suscite en toi le soupçon?". - "Non, répondit Barîra, j'en jure par Celui qui t'a envoyé par la Vérité, je ne l’ai rien vu faire d’acte répréhensible, sinon qu'étant une toute jeune femme il lui arrive parfois de s'endormir auprès de la pâte à pain de la famille la laissant ainsi manger par les animaux domestiques".
L'Envoyé d'Allah se leva et résolut de demander ce jour-là une justification à `Abd-Allah ibn 'Ubayy ibn Salûl. Montant alors en chaire, le Prophète dit: "O groupe de musulmans! Qui m'excusera (si je punis) un homme dont le mal a atteint ma femme? Par Dieu ! Je ne sais que du bien sur le compte de ma femme, et l'on me parle d'un homme sur le compte duquel je ne sais que du bien et qui n'est jamais entré chez ma femme autrement qu'avec moi". Alors Sa`d ibn Mu`âdh Al-'Ansârî se leva et dit: "O Envoyé d'Allah, moi, je t'excuserai et s'il appartient à la tribu des 'Aws, nous lui trancherons la tête; si c'est un de nos frères de la tribu des Khazraj, ordonne ce que tu voudras et nous le ferons". A ces mots, Sa`d ibn `Ubâda le chef des Khazraj, qui était un homme vertueux, mais dont le zèle tribal plongeait dans l'ignorance, se leva et s'adressa à Sa`d ibn Mu`âdh en disant: "Tu as menti; et j'en jure par Allah que tu ne le tueras pas et que tu ne peux pas le faire". A son tour, 'Usayd ibn Hudayr, le cousin de Sa`d ibn Mu`âdh, se leva et, s'adressant à Sa`d ibn `Ubâda en disant: "Tu as menti. Par Allah nous le tuerons; car toi tu n'es qu'un hypocrite qui plaide la cause des hypocrites".
Les deux tribus des 'Aws et des Khazraj furent si excitées, qu'elles furent sur le point de se combattre, alors que l'Envoyé d'Allah était encore en chaire. L'Envoyé d'Allah ne cessa de les apaiser jusqu'à ce qu'ils gardent le silence et alors ils se turent. Tout ce jour-là, je le passai en larmes et je n'y goûtai aucun instant de sommeil. La nuit suivante, je la passai également dans cet état à tel point que mes parents crurent que mes larmes me briseraient le cœur. Pendant qu'ils étaient assis auprès de moi et alors que j'étais encore en larmes, une femme des 'Ansâr demanda de me voir. Je la fis entrer chez moi, elle s'assit et commença à pleurer à son tour. Nous étions dans cet état lorsque l'Envoyé d'Allah entra, salua, puis s'assit. Il ne s'était plus assis auprès de moi depuis qu'on avait colporté des propos sur mon compte et cela avait duré un mois sans qu'aucune révélation ne se fût produite à mon sujet. En s'asseyant, l'Envoyé d'Allah prononça l'attestation de foi, puis dit: "O `A'icha! Il m'est parvenu telle et telle chose sur ton compte; si tu es innocente, Allah t'innocentera; si tu as commis quelque faute, demande pardon à Allah et repens-toi, car quand le Serviteur reconnaît ses péchés et se repent, Allah accepte son repentir".
A peine l'Envoyé d'Allah eut-il achevé ces paroles, que mes larmes cessèrent de couler et je ne versai plus un seul pleur. M'adressant à mon père, je le priai de répondre à l'Envoyé d'Allah. - "Par Allah !, me répondit-il, je ne sais pas que dire à l'Envoyé d'Allah". Alors, me tournant vers ma mère, je la priai de répondre à l'Envoyé d'Allah. - "Par Allah, répondit-elle, je ne sais pas que dire à l'Envoyé d'Allah". Je répliquai alors que j'étais encore très jeune et que je ne retenais pas beaucoup du Coran: "Par Dieu, je sais que vous avez entendu raconter cette histoire (à mon sujet), qu'elle s'est gravée en vous-même et que vous y avez ajouté foi. Si je vous dis que je suis innocente - et Allah sait que je le suis - vous ne me croirez pas; mais si j'avoue que j'ai commis un tel péché - et Allah sait que je suis innocente - vous me croirez. Par Dieu! Je n'ai à dire de ma situation que ces paroles du père de Joseph: